Qu’est-ce que le validisme ?
Le validisme, parfois appelé capacitisme, désigne l’ensemble des attitudes, représentations ou pratiques qui établissent une différence de traitement entre les personnes selon qu’elles sont perçues comme « valides » ou en situation de handicap.
Le terme renvoie à l’idée que certaines capacités physiques, sensorielles ou cognitives seraient considérées comme la norme, et que les autres seraient atypiques, moins légitimes ou moins attendues dans divers contextes sociaux.
Origine et usage du terme « validisme »
Le mot provient de l’anglais ableism, apparu dans les années 1980 dans la recherche anglophone sur le handicap.
Il s’est progressivement diffusé dans les milieux universitaires, institutionnels et médiatiques pour décrire une forme de discrimination centrée sur les capacités corporelles et fonctionnelles des individus.
Le validisme peut être mobilisé dans :
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des travaux de sciences sociales et humaines,
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des études sur le handicap,
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des politiques publiques,
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ou des analyses sociétales.
Distinction entre validisme et handicap
Dans la plupart des définitions, le validisme ne désigne pas le handicap lui-même, mais l’environnement social qui valorise certaines capacités au détriment d’autres.
Cette distinction repose sur deux modèles de compréhension du handicap :
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Modèle biomédical : le handicap est lié à une déficience ou limitation fonctionnelle.
-
Modèle social : le handicap résulte des interactions entre une personne et un environnement inadapté.
Le validisme s’inscrit généralement dans le second, en soulignant les effets des configurations sociales, culturelles ou matérielles sur l’expérience du handicap.
Un concept pris en compte entre les lignes des textes officiels
La notion de validisme peut également être mise en perspective avec le cadre juridique en vigueur. En France, la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées a constitué une étape importante en établissant le principe d’accessibilité généralisée aux bâtiments, transports, systèmes d’information et dispositifs éducatifs. Elle introduit aussi l’obligation d’aménagement raisonnable dans le monde du travail et renforce les outils de reconnaissance et de compensation du handicap.
Sur le plan international, la Convention relative aux droits des personnes handicapées (CDPH) de 2006, ratifiée par la France en 2010, promeut une approche fondée sur les droits humains et reconnaît le handicap comme le résultat de l’interaction entre des limitations fonctionnelles et des barrières environnementales ou comportementales. Ces textes ne mobilisent pas explicitement le terme « validisme », mais ils contribuent à formaliser juridiquement certains enjeux que le concept permet de décrire sur le plan social, en insistant sur la participation, l’accessibilité et la non-discrimination.
Manifestations courantes du validisme
Le validisme peut se manifester dans différents domaines de la vie sociale.
Quelques exemples souvent cités dans la littérature :
a) Milieu bâti et aménagement urbain
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Accès difficile à certains bâtiments
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Transport non adapté
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Signalétique non inclusive
b) Emploi et organisation du travail
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Exigences standardisées en termes de posture, mobilité ou rythme
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Manque d’aménagements spécifiques
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Représentations sur la capacité à exercer une fonction
c) Communication et médias
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Absence de représentations du handicap
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Stéréotypes associés à certaines formes de handicap
d) Langage courant
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Expressions valorisant la « normalité »
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Termes associant le handicap à une incapacité générale
Ces manifestations peuvent être intentionnelles ou non ; elles sont souvent la conséquence d’habitudes, de normes d’organisation ou de conceptions implicites.
Validisme structurel et validisme individuel
Les études distinguent généralement deux niveaux :
a) Niveau structurel
Pratiques ou organisations qui, sans intention particulière, rendent plus difficile la participation de certaines personnes.
Exemples :
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Absence d’accessibilité dans l’espace public
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Procédures standardisées non adaptées
b) Niveau individuel
Attitudes, comportements ou jugements portés à l’égard d’une personne.
Exemples :
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Supposer qu’une personne ne peut pas travailler
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Parler à l’accompagnant plutôt qu’à la personne concernée
L’intérêt de cette distinction est de montrer que certaines situations ne résultent pas de choix individuels, mais de structures ou normes collectives.
Enjeux liés au validisme
L’étude du validisme permet d’analyser divers enjeux contemporains :
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Participation sociale des personnes handicapées
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Aménagement du bâti, des transports, et des outils numériques
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Insertion professionnelle et emploi
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Représentations du handicap dans la culture et les médias
Les travaux scientifiques s’intéressent notamment aux effets du validisme sur :
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l’inclusion,
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les trajectoires de vie,
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et l’égalité des chances.
Validisme et vieillissement
Le validisme est également abordé dans le contexte du vieillissement de la population.
Une partie des personnes âgées connaît une diminution progressive de capacités physiques ou sensorielles, ce qui pose des questions d’adaptation des environnements et des services.
Le sujet dépasse donc le seul champ du handicap au sens strict, pour toucher à l’ergonomie, à l’urbanisme, à la santé publique et à la qualité de vie.
Approches contemporaines
Les recherches actuelles explorent différents axes :
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Conception universelle (universal design)
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Accessibilité numérique
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Ergonomie des environnements de travail
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Normes de performance dans les organisations
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Représentations sociales du corps
Ces travaux sont interdisciplinaires et mobilisent la sociologie, la psychologie sociale, l’architecture, l’ergonomie, le droit et les sciences politiques.
Le validisme désigne ainsi un ensemble de mécanismes sociaux, culturels et organisationnels qui établissent une distinction entre les individus en fonction de leurs capacités, en valorisant celles considérées comme “valides”.
Ce concept permet d’analyser :
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comment les environnements sont conçus,
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comment les représentations se construisent,
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et comment ces facteurs influencent l’expérience des personnes avec des limitations fonctionnelles.
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