Mains courantes et garde-corps : que dit la réglementation ?

12 novembre 2025
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Réglementation handicap
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Mains courantes et garde-corps ne sont pas de simples accessoires de confort : ce sont des dispositifs essentiels à la sécurité et à la mobilité des personnes, en particulier celles en situation de handicap ou de risque de perte d’équilibre. Leur conception, leur emplacement et leurs caractéristiques techniques sont strictement encadrés par la réglementation française, afin de garantir une accessibilité universelle dans les bâtiments publics comme privés.

Le cadre juridique de référence

Avant d’aborder les exigences techniques, il est essentiel de comprendre le socle réglementaire qui les fonde.
Les règles applicables aux mains courantes et garde-corps découlent principalement du Code de la construction et de l’habitation (CCH) et des arrêtés accessibilité :

Ces textes précisent les obligations de conception pour les escaliers, rampes et cheminements, en complément des normes NF P 01-012 et NF P 01-013 (garde-corps).
L’objectif est d’assurer à tous, quelle que soit la déficience, une sécurité de déplacement équivalente.

Les mains courantes : un repère continu et sécurisant

Avant de détailler leurs dimensions ou matériaux, rappelons la finalité de la main courante : elle offre un appui stable et continu pour sécuriser les déplacements dans les escaliers ou les rampes. Elle constitue un repère tactile pour les personnes malvoyantes et un soutien moteur pour celles rencontrant des difficultés de mobilité.

Une implantation obligatoire et bilatérale

La réglementation impose la présence de mains courantes des deux côtés de l’escalier, sauf cas particulier d’un escalier à fût central.
Cette disposition vise à garantir une aide quelle que soit la main dominante ou la direction du déplacement.
Les mains courantes doivent être continues sur toute la volée et se prolonger d’un giron au-delà de la première et de la dernière marche, sans créer d’obstacle à la circulation.

Des hauteurs et dimensions strictement encadrées

Pour être efficace, la main courante doit se situer à une hauteur comprise entre 0,80 m et 1,00 m, mesurée au nez de marche.
Elle doit être préensible (diamètre de 3 à 5 cm recommandé) et dégagée du mur d’au moins 4 cm pour permettre la saisie complète de la main.
Les extrémités doivent être non blessantes et arrondies afin d’éviter tout risque d’accrochage ou de choc.

Des exigences de contraste et de continuité

La visibilité est un critère d’accessibilité majeur.
La main courante doit être contrastée visuellement par rapport au mur ou au garde-corps auquel elle est fixée, afin d’être repérée facilement par les personnes malvoyantes.
Elle doit être continue, stable et rigide, y compris sur les paliers, pour offrir un appui ininterrompu tout au long du parcours.

Les garde-corps : la protection contre le risque de chute

Si la main courante guide, le garde-corps protège. Son rôle est de prévenir toute chute accidentelle depuis les escaliers, mezzanines, balcons ou circulations en hauteur. Il relève à la fois des exigences d’accessibilité et de sécurité structurelle.

Une hauteur minimale imposée par la réglementation

Tout garde-corps doit mesurer au moins 1,00 m de haut à partir du sol fini.
Cette hauteur peut être abaissée à 0,80 m si le garde-corps est installé sur un acrotère ou un muret épais d’au moins 50 cm.
L’objectif est de garantir une protection efficace contre le basculement, sans gêner la visibilité ni la manœuvre des personnes en fauteuil roulant.

Des normes précises pour la résistance et les ajourages

Les normes NF P 01-012 (dimensions) et NF P 01-013 (résistance) définissent les exigences techniques applicables aux garde-corps.
Elles imposent :

L’articulation entre garde-corps et main courante

Dans de nombreux cas, le garde-corps intègre la main courante en partie supérieure.
Lorsque la lisse haute du garde-corps dépasse 1,00 m, il est nécessaire d’ajouter une main courante complémentaire à 0,90 m environ, pour maintenir une prise adaptée à la hauteur du bras.
Cette double disposition garantit à la fois la protection contre la chute et la préhen­sion ergonomique exigée par la réglementation accessibilité.

Les exigences spécifiques aux établissements recevant du public

Au-delà des mesures générales, les ERP sont soumis à des critères renforcés. Leur conception doit permettre un usage autonome, sûr et équitable pour les personnes à mobilité réduite ou déficientes visuelles.

Des escaliers normalisés et lisibles

Les escaliers doivent présenter une largeur utile minimale entre mains courantes :

Des dispositifs d’alerte et de repérage visuel

Un revêtement d’éveil de vigilance (pavés podotactiles) doit être installé à 50 cm du départ de la première marche.
Cette bande tactile avertit du changement de niveau.
L’ensemble doit être éclairé de manière homogène, sans zone d’ombre, afin de faciliter la lecture des volumes et des reliefs.

Les bonnes pratiques pour une conception inclusive

Respecter la réglementation est un minimum ; aller au-delà garantit une vraie accessibilité d’usage. Les professionnels privilégient désormais des mains courantes ergonomiques, continues sur tout le parcours, et des garde-corps intégrant un contraste durable plutôt qu’un simple marquage.

Des formes et matériaux adaptés à la prise en main

Les modèles les plus confortables présentent une section arrondie, sans angle vif, et un revêtement antidérapant. Les matériaux doivent être choisis pour leur résistance à l’usure et leur stabilité de couleur, afin de maintenir le contraste visuel dans le temps.

Une cohérence entre sécurité et esthétique

L’accessibilité ne doit pas s’opposer à l’architecture. Les fabricants proposent désormais des solutions sur-mesure, combinant sécurité, durabilité et design, tout en respectant les hauteurs et espacements réglementaires. Le respect des normes peut ainsi coexister avec une harmonie visuelle dans les espaces publics comme privés.

Concilier sécurité, accessibilité et confort d’usage

La réglementation française encadre de manière précise la conception des mains courantes et des garde-corps afin de garantir la sécurité et l’autonomie de tous.
Hauteur, continuité, contraste et résistance sont les quatre piliers de cette conformité.
Mais au-delà des textes, une conception réussie est celle qui permet à chacun de se déplacer avec confiance et confort, sans obstacle ni appréhension.

Cas particuliers : escaliers complexes, rampes et configurations spécifiques

Si les règles générales encadrent la majorité des situations, certaines configurations nécessitent des adaptations particulières.
C’est le cas notamment des escaliers hélicoïdaux, des rampes extérieures exposées aux intempéries, ou encore des escaliers intégrés dans des bâtiments anciens où les contraintes structurelles limitent les possibilités d’installation.
D’autres contextes, comme les pentes supérieures à 45°, les zones de stationnement précaires ou les habitations individuelles, font également l’objet de dispositions spécifiques, parfois issues de tolérances ou de guides techniques.

Ces situations particulières feront l’objet d’articles dédiés, détaillant les dérogations admises, les adaptations possibles et les bonnes pratiques de mise en conformité pour chaque type de configuration. L’objectif reste le même : assurer la sécurité et l’accessibilité de tous, quelles que soient les contraintes du bâtiment ou de son usage.

Grille de synthèse réglementaire : mains courantes et garde-corps

Élément concerné Exigence réglementaire Valeurs / critères clés Références normatives et réglementaires
Présence des mains courantes Obligatoire des deux côtés des escaliers (sauf fût central) 2 mains courantes continues Arrêtés du 8 décembre 2014 (ERP existants) et du 20 avril 2017 (ERP neufs)
Hauteur de la main courante Hauteur constante, mesurée au nez de marche Entre 0,80 m et 1,00 m Idem
Prolongement Prolongement en horizontal au-delà de la 1ʳᵉ et de la dernière marche Environ 1 giron minimum Idem
Forme / préhension Doit être préhensible, rigide et continue Diamètre recommandé : 30–50 mm ; déport mural : ≥ 40 mm Recommandations techniques, guides CEREMA, CSTB
Contraste visuel Doit se détacher visuellement du support Contraste de luminance ≥ 70 % recommandé Arrêtés accessibilité + RGAA (perception visuelle)
Largeur utile entre mains courantes Largeur minimale de l’escalier 1,20 m (ERP neufs) / 1,00 m (ERP existants) Arrêtés accessibilité 2014 et 2017
Nez de marche Sécurité visuelle et antidérapance Largeur contrastée ≥ 3 cm, non glissante Idem
Éveil de vigilance Bande podotactile en haut de l’escalier À 0,50 m du nez de la 1ʳᵉ marche Norme NF P 98-351, arrêté du 8 décembre 2014
Hauteur du garde-corps Prévention de la chute ≥ 1,00 m (0,80 m sur acrotère épais ≥ 50 cm) Code de la construction + NF P 01-012
Zone basse pleine Protection enfants / PMR 45 cm pleins en partie basse (hors escalier) NF P 01-012
Écartements / ajourages Limite le passage d’un objet ou d’un enfant ≤ 11 cm entre barreaux verticaux, ≤ 18 cm entre lisses horizontales, ≤ 5 cm entre nez et première lisse NF P 01-012 (2019) / version 2024 révisée
Résistance mécanique Doit résister à des charges normalisées Charge horizontale selon usage (0,6 à 1,0 kN/m) NF P 01-013
Coordination garde-corps / main courante Prise à hauteur adaptée Si garde-corps > 1,00 m : main courante complémentaire à 0,90 m Arrêté du 20 avril 2017 + recommandations CEREMA
Éclairage Doit assurer une perception claire des reliefs et des obstacles Éclairage homogène, ≥ 150 lux en escaliers publics Code du travail + arrêté du 25 juin 1980 (sécurité ERP)

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