ERP – ERT : quelles différences en matière de sécurité incendie ?
La prévention incendie ne se résume pas à la présence d’extincteurs ou à la tenue d’exercices d’évacuation. Elle repose avant tout sur une compréhension fine des obligations qui s’imposent à chaque type d’établissement.
En France, les normes diffèrent selon qu’il s’agit d’un Établissement Recevant du Public (ERP) ou d’un Établissement Recevant des Travailleurs (ERT).
Cette distinction, souvent mal comprise, a pourtant un impact direct sur la conception des bâtiments, l’organisation interne et la sécurité des occupants — notamment des personnes à mobilité réduite (PMR), dont l’évacuation doit être anticipée avec rigueur.
ERP et ERT : deux cadres réglementaires distincts
La sécurité incendie dans les bâtiments professionnels obéit à deux cadres réglementaires distincts :
-
les ERP (Établissements Recevant du Public),
-
et les ERT (Établissements Recevant des Travailleurs).
Tous deux visent à protéger les personnes et à garantir une évacuation rapide et sûre, mais leurs obligations diffèrent.
L’un des enjeux majeurs aujourd’hui concerne l’évacuation des personnes à mobilité réduite (PMR), souvent oubliée dans les plans d’urgence.
ERP : établissements ouverts au public
Un ERP accueille des personnes extérieures : clients, usagers, patients, élèves ou visiteurs.
Exemples : commerces, écoles, hôpitaux, hôtels, restaurants, salles de spectacle, bâtiments administratifs, etc.
La réglementation ERP est définie par le Code de la construction et de l’habitation et par le Règlement de sécurité contre les risques d’incendie et de panique.
Les ERP sont classés :
-
par type (ex. M pour les magasins, J pour les établissements médico-sociaux),
-
et par catégorie (de 1 à 5 selon la capacité d’accueil).
Plus l’établissement reçoit de public, plus les exigences de sécurité incendie sont élevées : systèmes d’alarme, dégagements, désenfumage, matériaux, issues de secours.
ERT : établissements recevant des travailleurs
Un ERT désigne un lieu de travail : bureaux, ateliers, usines, entrepôts ou sièges sociaux.
Ces établissements sont encadrés par le Code du travail, qui impose à l’employeur :
-
de prévenir les risques d’incendie,
-
de former les salariés à l’évacuation,
-
de prévoir des exercices réguliers et des consignes affichées,
-
d’assurer la protection de tous les travailleurs, y compris en situation de handicap.
La logique ERT est donc moins normative que celle des ERP, mais elle repose sur une obligation de résultat : garantir la sécurité et la santé des salariés.
Les principales différences entre ERP et ERT
| Élément | ERP | ERT |
|---|---|---|
| Référence juridique | Code de la construction et de l’habitation | Code du travail |
| Public concerné | Visiteurs, clients, usagers | Salariés, travailleurs |
| Logique réglementaire | Très prescriptive (textes précis) | Obligation de résultat |
| Objectif principal | Protéger un public non formé | Organiser la sécurité interne |
| Formation des occupants | Non (grand public) | Oui (personnel formé) |
| Spécificité PMR | Obligations renforcées (accessibilité et évacuation) | Adaptation au cas par cas selon les effectifs |
L’évacuation des personnes à mobilité réduite : une obligation commune
Dans un incendie, les ascenseurs sont interdits sauf exceptions.
Les escaliers deviennent alors la seule voie d’évacuation.
Pour les personnes à mobilité réduite, cela pose un vrai défi de sécurité.
Les deux types d’établissements — ERP comme ERT — doivent donc anticiper :
-
une stratégie d’évacuation PMR documentée,
-
des dispositifs techniques adaptés,
-
et une formation du personnel aux procédures.
Les dispositifs d’évacuation adaptés aux personnes à mobilité réduite
Fauteuils d’évacuation pour escaliers
Les fauteuils d’évacuation (ou chaises d’évacuation PMR) permettent d’évacuer une personne à mobilité réduite en toute sécurité par les escaliers.
Ils sont équipés de :
-
chenilles ou patins freinés pour une descente fluide,
-
poignées ergonomiques pour les accompagnants,
-
systèmes de maintien assurant stabilité et confort.
Ces fauteuils doivent être :
-
positionnés à proximité des escaliers,
-
intégrés au plan d’évacuation incendie,
-
et utilisés par du personnel formé.
Ces dispositifs représentent la solution la plus efficace et rapide pour évacuer une personne en fauteuil roulant lors d’une alarme incendie.
Rampes et plans inclinés
Les rampes fixes ou amovibles facilitent les franchissements de seuils ou petits dénivelés.
Elles contribuent à la mobilité quotidienne mais ne remplacent pas les fauteuils d’évacuation dans un contexte d’urgence.
Elles complètent néanmoins la stratégie globale de mobilité et d’accessibilité.
Aires d’attente sécurisées (AAS)
Les aires d’attente sécurisées sont des zones protégées contre le feu et les fumées, où une personne peut patienter en sécurité jusqu’à l’intervention des secours.
Elles doivent être :
-
compartimentées et signalées,
-
équipées d’un système de communication (interphone, signal lumineux),
-
intégrées au plan de sécurité incendie.
Elles sont recommandées dans les bâtiments à plusieurs niveaux (bureaux, hôpitaux, établissements scolaires).
Organisation et formation des équipes
Un plan d’évacuation ne vaut que s’il est testé et compris par tous.
Les équipes doivent savoir :
-
où se trouvent les dispositifs PMR,
-
comment utiliser les fauteuils d’évacuation,
-
qui accompagne les personnes concernées.
Des exercices réguliers permettent de s’assurer que le dispositif fonctionne réellement en situation d’urgence.
Former les personnels d’accueil, de sécurité ou d’encadrement est donc indispensable.
Les ERP et ERT diffèrent par leurs textes et leurs contraintes, mais partagent une même responsabilité :
assurer la sécurité de toutes les personnes présentes.
Les fauteuils d’évacuation et rampes sont des éléments clés d’une politique de sécurité incendie moderne et inclusive.
Anticiper, s’équiper et former les équipes, c’est garantir que personne ne soit laissé en arrière en cas d’incendie.
Les autres publications
Comment rendre les sanitaires d’un ERP accessibles aux personnes à mobilité réduite (PMR)
L’accessibilité des sanitaires dans les établissemen
Comment calculer la pente d’une rampe d’accès PMR
Garantir l’accessibilité d’un établissement au
La loi Handicap de 2005 expliquée
Promulguée le 11 février 2005, la loi n° 2005-102 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et a citoyenneneté des personnes handicapées constitue l’un des textes les plus importants