Arthrose du genou : la gonarthrose enjeu majeur de santé et de mobilité

12 décembre 2025
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L’arthrose du genou, ou gonarthrose, est l’une des affections articulaires les plus fréquentes dans le monde. Elle constitue une cause majeure de douleur chronique, de limitation fonctionnelle et de perte d’autonomie. Avec le vieillissement démographique et l’augmentation du surpoids, son impact médico-social est en pleine croissance.

Définition et mécanismes physiopathologiques de l’arthrose

L’arthrose est une maladie mécanique et dégénérative de l’articulation. Dans le genou, elle se caractérise par la dégradation progressive du cartilage, une inflammation de bas grade, l’atteinte de l’os sous-chondral, la formation d’ostéophytes et une altération de la synoviale.
Il ne s’agit pas uniquement d’une “usure” : c’est un processus biologique complexe impliquant des facteurs mécaniques, enzymatiques, inflammatoires et métaboliques.

Ce qui se passe dans un genou arthrosique

Imagine le genou comme une charnière parfaitement huilée :
les deux extrémités osseuses sont recouvertes d’un cartilage lisse, glissant comme une surface de patin à glace. Entre elles, une fine couche de liquide synovial joue le rôle d’amortisseur et de lubrifiant. Avec l’arthrose, cette scène change progressivement :

• Le cartilage commence à s’effriter
Au lieu d’une surface lisse, il devient rêche, irrégulier, puis creusé par endroits, comme un revêtement usé dont on voit apparaître la sous-couche.

• L’os sous le cartilage (l’os sous-chondral) se défend
Mis à nu, il s’épaissit, se durcit, devient comme une plaque de bois trop sollicitée qui se compacte sous les chocs répétés.
Cette zone devient sensible, parfois douloureuse.

• De petites pointes osseuses se forment : les ostéophytes
Aux bords de l’articulation, l’os fabrique des excroissances, comme si la charnière tentait de “stabiliser” ce qui se dégrade.
Ces excroissances limitent les mouvements et augmentent la gêne.

• La membrane synoviale s’irrite
Normalement calme et discrète, la synoviale devient légèrement inflammatoire, produisant un liquide parfois plus abondant et moins efficace.
C’est une inflammation “à bas bruit”, chronique, qui contribue à la douleur.

• Les facteurs mécaniques et biologiques s’entremêlent
Le genou n’est pas seulement une mécanique qui s’use :
des enzymes dégradent le cartilage, l’inflammation perturbe l’équilibre articulaire, les cellules osseuses réagissent de manière excessive…
C’est un véritable écosystème articulaire qui se dérègle.

Au final, l’articulation autrefois fluide devient :

Chiffres clés de l’arthrose

Les facteurs de risque de l’arthrose

L’arthrose est favorisée par différents facteurs physiques, génétiques et environnementaux.

Le vieillissement naturel

Le vieillissement réduit la capacité du cartilage à se régénérer, augmentant la susceptibilité à l’arthrose.

Le surpoids et obésité

Le poids exerce une contrainte mécanique importante mais contribue également à un état inflammatoire chronique jouant un rôle dans la dégradation articulaire.

Les contraintes professionnelles et sportives

Les métiers répétitifs, les charges lourdes, les postures accroupies répétées et certains sports à impact favorisent l’apparition de la gonarthrose.

Les antécédents traumatiques

Les lésions ligamentaires, fractures et atteintes méniscales augmentent considérablement le risque d’arthrose secondaire.

Les facteurs génétiques

Une prédisposition familiale existe, même si les mécanismes restent partiellement élucidés.

Symptômes et expressions cliniques de l’arthrose du genou

L’arthrose du genou se manifeste par différents symptômes physiques et une gêne fonctionnelle.

Douleur

La douleur est typiquement mécanique : elle apparaît lors des activités, s’atténue au repos et peut devenir quasi permanente dans les formes avancées.

Raideur et perte de mobilité

La raideur matinale, la perte d’amplitude et les difficultés à s’accroupir ou monter un escalier sont caractéristiques.

Déformation et instabilité

Les déviations axiales (varus, valgus) et l’instabilité contribuent à l’aggravation de la gêne fonctionnelle.

Gonflements

Des poussées inflammatoires peuvent provoquer des épanchements synoviaux intermittents.

Conséquences  de la gonarthrose sur la mobilité et la qualité de vie

L’arthrose sévère peut rapidement altérer la qualité de vie.

Limitation des déplacements

La gonarthrose réduit les capacités de marche, de montée d’escaliers, de station debout prolongée et complique les activités quotidiennes. La vitesse de marche peut diminuer de 20 à 40 % dans les formes sévères.

Risque de chute

L’instabilité, la douleur et la diminution de proprioception augmentent le risque de chute, avec ses conséquences traumatiques potentielles.

Impact psychologique et social

La baisse d’activité peut entraîner isolement, anxiété, perte d’estime de soi et parfois dépression.

Prise en charge thérapeutique de l’arthrose

L’arthrose implique une prise en charge globale.

Perte de poids

Même une réduction de 5 à 10 % du poids corporel améliore significativement les symptômes.

Activité physique adaptée

Un renforcement musculaire progressif, associé à des activités à faible impact (marche, vélo, natation), est essentiel pour stabiliser le genou.

Orthèses

Genouillères et attelles peuvent améliorer la stabilité articulaire et diminuer la douleur.

Médicaments

Le paracétamol, les anti-inflammatoires non stéroïdiens et certaines injections intra-articulaires (corticoïdes, acide hyaluronique, PRP selon les indications) peuvent être proposés.

Infiltrations

Les infiltrations constituent un outil thérapeutique important dans la prise en charge de l’arthrose du genou lorsque la douleur devient difficile à contrôler. Les corticoïdes, utilisés en cas de poussée inflammatoire, procurent un soulagement rapide mais de durée limitée. L’acide hyaluronique (viscosupplémentation) vise à améliorer la lubrification articulaire et peut offrir un effet plus durable, notamment dans les formes légères à modérées. Les injections de PRP (plasma riche en plaquettes), quant à elles, cherchent à stimuler la réparation tissulaire et semblent bénéfiques chez certains patients actifs ou souhaitant retarder la chirurgie. Bien qu’elles ne modifient pas l’évolution structurelle de l’arthrose, ces infiltrations peuvent réduire la douleur, améliorer la mobilité et faciliter la poursuite des activités quotidiennes.

Chirurgie

Ostéotomie, prothèse unicompartimentale ou prothèse totale sont envisagées lorsque la gêne devient invalidante malgré les traitements conservateurs.

Aides techniques et aménagements pour soutenir la mobilité

La douleur et la gêne fonctionnelle liées à l’arthrose sévère peuvent être atténué par différents dispositifs et aménagements ponctuels ou permanents.

Appareils d’appui et aides à la marche

Cannes, bâtons et déambulateurs allègent la charge sur le genou et sécurisent la marche.

Fauteuils roulants manuels ou électriques

Indiqués pour les distances plus longues chez les patients sévèrement limités.

Rampes d’accès

Les rampes fixes ou amovibles facilitent les franchissements de seuils, réduisent les risques de chute et améliorent l’autonomie lors des déplacements urbains ou domestiques.

Plateformes élévatrices

Les plateformes élévatrices permettent de sécuriser l’accès aux niveaux supérieurs pour les personnes ayant une mobilité très réduite.

Équipements d’aide aux transferts

Sièges de bain, barres d’appui et rehausseurs de WC facilitent les gestes quotidiens et diminuent les contraintes sur l’articulation.

Prévention

Une stratégie préventive efficace repose sur :

L’arthrose du genou est une pathologie fréquente et potentiellement invalidante, dont l’impact dépasse largement la sphère articulaire. Elle touche la mobilité, la sécurité, la qualité de vie et l’autonomie. Toutefois, une prise en charge globale — mêlant activité physique, soutien médical, aménagement de l’environnement et aides techniques — permet de préserver durablement la mobilité et l’indépendance des personnes concernées.

Sources :

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